QUELLES CONSÉQUENCES A LE PACTE ENSEIGNANT SUR L’ORGANISATION DU TRAVAIL ?

Il désorganise le travail enseignant, notamment le travail collectif.
Or, ce travail collectif se réalise à la fois dans des temps institués et obligatoires comme les conseils des maîtres, d’école mais aussi durant tous les temps informels comme les échanges à la photocopieuse ou à la récré. Des moments très importants pour régler de nombreux petits détails participant au bon fonctionnement de l’école : questions matérielles, pédagogiques, échanges à propos des élèves ou des familles, etc.
C’est aussi la possibilité de dire sa fatigue, d’évoquer sa vie personnelle, l’actualité et même d’avoir des disputes professionnelles.

Le pacte, comme les APC, enlève encore du temps pour créer un véritable collectif de travail.

De plus, tous les enseignants ne choisiront pas de participer au pacte, ce qui pourra aussi être source de tensions.

PEUT-ON PARLER DE DÉNI DE L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE DES PE ?

Oui tout à fait. L’activité des enseignant-es est construite sur une unité de temps et de lieu très spécifique : être 6 heures par jour en présence des mêmes élèves, durant toute une année, enseigner toutes les disciplines.
Le coeur du métier est de faire vivre et apprendre ensemble une petite communauté d’enfants.
Pour le pacte, il leur est demandé d’enseigner uniquement des mathématiques et du français à des élèves qu’ils ne connaissent pas et qui ne se connaissent pas.

Sans compter que les enseignants ne croient pas à l’efficacité de leur travail avec des enfants regroupés ponctuellement, en dehors de leur collectif d’enfants et d’école.

S’ajoute à cela un déni de l’activité réelle des PE qui déclarent déjà travailler en moyenne 43 heures par semaine.

CE DISPOSITIF EST-IL UNE SOURCE D’INÉGALITÉS ?

Oui, d’abord des inégalités entre les enseignants des 1er et 2nd degrés, entre les femmes et les hommes qui n’assument pas toujours les mêmes charges familiales et qui ne feront pas les mêmes choix.
Ces différences conduiront à des inégalités salariales.

Le pacte s’inscrit dans un processus de détricotage déjà engagé avec d’autres dispositifs. Il discrédite le métier enseignant en ajoutant de nouvelles tâches sans cohérence avec le cœur de métier, fait fi de la polyvalence et participe de l’intensification du travail alors qu’il est paradoxalement présenté comme une revalorisation de celui-ci.

Le PACTE : ses conséquences sur les PE

L'avis de Françoise Carraud, Maître de Conférence à l'Université de Lyon...